Introduction
L’Association Catholique pour la Protection de l’Environnement au Burundi (ACAPE Burundi) est une ONG locale agréée, active dans la sensibilisation, l’éducation et la mobilisation des communautés autour des enjeux environnementaux. Une de ses initiatives phares est l’encadrement de clubs d’environnement dans les écoles et universités, afin de former une relève sensibilisée et engagée pour la protection de l’environnement au Burundi. Cet article se propose de décrire et d’analyser cette démarche : contexte, objectifs, fonctionnement, impacts, limites et perspectives.
1. Contexte
Le Burundi est confronté à plusieurs défis environnementaux majeurs : forte pression démographique, érosion des sols, gestion des déchets, déforestation, ressources naturelles fragiles. Les jeunes, en milieu scolaire ou universitaire, sont souvent à la fois victimes et potentiels acteurs de cette dynamique. Dans ce contexte, la création de clubs d’environnement représente un vecteur d’éducation, d’engagement citoyen et d’action locale.
ACAPE Burundi intervient au sein de ce cadre : elle est « accordée par l’OM 21442 du 28/11/2019 et accréditée par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) depuis le 21/5/2021 ». Elle a adopté une approche intégrée mêlant sensibilisation, formations, partenariats et programmes éducatifs.
2. Objectifs des clubs d’environnement encadrés par ACAPE
Les clubs d’environnement permettent de mettre en œuvre les objectifs suivants :
- Éducation et sensibilisation : encourager les jeunes à comprendre les enjeux environnementaux (biodiversité, déchets, changement climatique, usage des ressources) et à devenir des acteurs.
- Engagement communautaire : donner aux élèves et étudiants une plateforme pour mener des actions concrètes (ramassage de déchets, plantation d’arbres, campagnes de sensibilisation) dans leur établissement et au-delà.
- Renforcement de la capacité : développer les compétences techniques, organisationnelles et citoyennes des membres du club (leadership, gestion de projet, animation, plaidoyer).
- Institutionnalisation d’une culture environnementale : faire de l’éco-responsabilité un élément de la vie scolaire/universitaire, avec la création d’habitudes durables et de rôles proactifs.
- Mobilisation de partenaires : créer une passerelle entre les établissements, la société civile, les autorités, les entreprises et les ONG (ex : ACAPE, autres associations) pour multiplier les actions.
3. Fonctionnement des clubs d’environnement
3.1 Structures et animation
Les clubs sont généralement constitués dans les établissements scolaires (écoles secondaires) ou universitaires. Par exemple, le « Club environnement » de Université du Burundi – Campus Mutanga est mentionné comme s’étant réorganisé pour mener des actions de protection environnementale.
ACAPE joue plusieurs rôles :
- Facilitation de la création du club (mobilisation, charte, objectifs)
- Formation des encadreurs ou animateurs (enseignants ou étudiants)
- Appui méthodologique pour les calendriers d’activités, suivis, bilans
- Mise en réseau des clubs (via événements, concours, partenariats)
3.2 Types d’activités
Les clubs menés sous l’égide d’ACAPE mènent, entre autres, :
- Campagnes de ramassage de déchets plastiques dans les quartiers ou établissements (exemple : zone Kinama, commune Ntahangwa)
- Plantations d’arbres ou aménagements d’espaces verts au sein des établissements
- Sensibilisation des pairs, des enseignants, des riverains sur la gestion des déchets, la consommation responsable, la biodiversité
- Animation d’ateliers, débats ou journées environnementales
- Rédaction de rapports ou bilans d’activités, et parfois association avec médias ou réseaux sociaux pour diffusion
3.3 Partenariats et réseau
ACAPE mentionne des partenaires comme des entreprises, d’autres associations, et des clubs universitaires pour co-organiser. Exemple : « un immense merci à nos précieux partenaires, notamment #Liquids, le Club de l’Environnement de l’UB, le Club Vert de Buterere… » Cela montre que l’association fait le pont entre établissements, société civile et secteur privé.
4. Impacts observés
4.1 Sensibilisation accrue
Grâce à la multiplication des clubs d’environnement, de nombreux jeunes sont exposés à des notions environnementales et participent à des actions concrètes. ACAPE indique avoir «plus de 2000 jeunes sensibilisés». Cette implication est clé pour changer les perceptions et comportements, notamment dans un pays comme le Burundi où l’éducation environnementale formelle reste limitée.
4.2 Actions concrètes sur le terrain
Les activités de ramassage de déchets plastiques, spécialement, contribuent à la propreté des quartiers, à la réduction de nuisances et à l’instauration d’habitudes positives. Les clubs d’environnement permettent ainsi d’articuler l’éducation à l’action.
4.3 Création de réseaux et visibilité
La mobilisation de divers établissements, l’appui d’ACAPE et des partenariats donnent une certaine visibilité à l’engagement des jeunes. Cela peut renforcer l’estime de soi, le leadership, et ouvrir des opportunités (ex : bourses, appui de projets).
5. Limites et défis
Malgré les succès, plusieurs défis restent à relever :
- Ressources limitées : Les clubs ont souvent peu de moyens (financiers, logistiques, matériel) pour organiser des actions soutenues. L’ONG ACAPE elle-même mentionne la nécessité de partenariats et de soutien.
- Pérennité des clubs : Certains clubs peuvent être actifs seulement ponctuellement ou dépendre fortement d’un ou deux animateurs engagés. Le turnover des étudiants ou enseignants peut affaiblir la dynamique.
- Intégration institutionnelle : Pour que les clubs aient un impact durable, il faudrait que les établissements intègrent ces activités dans leur curriculum ou leur politique interne. Cela n’est pas systématiquement le cas.
- Mesure de l’impact comportemental : Il est fréquemment difficile d’évaluer jusqu’à quel point les clubs modifient les comportements environnementaux (au-delà des actions ponctuelles).
- Couverture géographique : Même si l’ONG mobilise plusieurs établissements, il est probable que la couverture reste inégale entre zones urbaines et rurales, entre établissements bien dotés et moins bien.
6. Perspectives et recommandations
6.1 Pour ACAPE et les clubs
- Développer un programme standardisé d’animation de club, avec modules de formation, guide des activités, suivi et évaluation.
- Mettre en place un réseau national des clubs d’environnement afin d’échanger les bonnes pratiques, organiser des compétitions, ou des journées nationales.
- Intégrer un système de suivi-évaluation simple (ex : nombre d’actions, nombre de participants, changements observés) pour documenter et valoriser l’impact.
- Rechercher des partenariats financiers ou en nature (matériel, transports, outils pédagogiques) pour renforcer les capacités des clubs.
- Encourager l’institutionnalisation au sein des établissements (reconnaissance par l’administration, budget annuel, inclusion dans le plan d’établissement).
6.2 Pour les établissements scolaires et universitaires
- Reconnaître officiellement le club d’environnement, lui donner un enseignant référent et un budget modeste.
- Synchroniser les actions du club avec les programmes scolaires (ex : cours de sciences, géographie, E&S) pour plus de cohérence.
- Inciter les projets inter-club, inter-établissements, y compris des échanges ou sorties de terrain.
- Valoriser l’engagement des membres (certificats, distinctions, visibilité) pour renforcer la motivation.
6.3 Pour la recherche et la pratique environnementale
- Documenter les pratiques et les effets des clubs dans le contexte burundais (ce qui pourrait d’ailleurs être pertinent pour votre travail sur les perceptions et comportements des ménages dans la gestion des déchets plastiques).
- Explorer comment les clubs d’environnement peuvent contribuer à des objectifs plus larges : gestion des déchets plastiques, sensibilisation communautaire, économie circulaire.
- Intégrer des partenariats entre ONG, universités et chercheurs pour évaluer l’efficacité de ces clubs comme levier d’éducation et d’action environnementale.
Conclusion
L’encadrement de clubs d’environnement par ACAPE Burundi représente un levier prometteur pour mobiliser les jeunes, renforcer l’éducation environnementale et stimuler des actions concrètes locales. Bien que confrontés à des défis (ressources, pérennité, mesure de l’impact), ces clubs ont le potentiel d’instaurer une culture citoyenne environnementale dans les établissements burundais. Pour maximiser cet impact, une stratégie plus systématique, des partenariats solides et une intégration institutionnelle accrue sont recommandés. Enfin, dans un contexte où vous travaillez déjà sur les perceptions et comportements liés à la gestion des déchets plastiques, le rôle des clubs d’environnement pourrait constituer un champ d’étude ou de collaboration intéressant – tant en termes de recherche que d’action pratique.